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CYBERCULTURE

À la fois par sa forme et son contenu, Media 000 anticipe la grande vogue de la cyberculture des années 90.

Issu d’une génération découvrant les prémices du cyberespace, je puise en 1981 dans cet imaginaire commun à tous les amateurs de science-fiction qui fera écrire Neuromancer à William Gibson trois ans plus tard (1984).

Je trouve déjà, mon inspiration dans « Sur l’onde de choc » de John Brunner, « Un Logic nommé Joe » de Murray Leinster (1945) ou « Ubik » de Philip.K.Dick.
Ces auteurs décrivent les premières visions d’un monde où les technologies de réseau nous transforment un peu plus en biomécanoïdes en permettant à notre conscience de se projeter sur la totalité de la planète via ce qu’on n’appelle pas encore le Cyberespace.


ScreenShots

Je trouve dans l’imagerie scientifique et dans le langage technologique une poésie baroque et symboliste qui m’inspire. C’est d’ailleurs très volontairement que dans MEDIA øøø comme dans mes oeuvres ultérieures j’affirme un maniérisme formel inspiré par la technologie, la science et la mythologie, en opposition avec l’épuration des formes qui caractérise les choix esthétiques prédominants dans les arts plastiques à l’époque.

ScreenShots

« L’oeil peut glaner, virevolter en surface, pour une lecture rapide des lignes et des couleurs.
Depuis que nous nous sommes annexés le monde -au point d’en fabriquer autant que nous voulons, avec l’image de synthèse- nous voilà libérés des tâches de subsistances, de l’angoisse de mourir ce soir de faim ou de maladie, de la tombée inexplicable du jour, du sidérant ballet des planètes.
Prêts pour le narcissisme sans fin, ad libitum, des coups d’oeil «pour voir», pour rien...

...Il y eut «magie» tant que l’homme sous-équipé dépendait des forces mystérieuses qui l’écrasaient. Il y eut «art» ensuite quand les choses qui dépendaient de nous devinrent au moins aussi nombreuses que celles qui n’en dépendaient pas.
Le «visuel» commence lorsque nous avons acquis assez de pouvoirs sur l’espace, le temps et les corps pour ne plus en redouter la transcendance. Lorsqu’on peut jouer avec nos perceptions sans crainte des arrière-mondes.
Les premiers «artistes» sont des ingénieurs et des savants, des mécaniciens comme Léonard qui perce les montagnes avec des canaux, invente l’homme - oiseau, et les machines à feu.
Quand on peut acheter la bienfaisance de la nature par la performance technique, comme l’Occident aujourd’hui, la situation de sécurité diminue l’ombre portée de la mort sur la vie et donc le besoin d’intercesseur. »

Régis Debray. Vie et mort de l’image en occident

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